ANNEXE 6 (intégrale) de l'ouvrage
"DEGAGE... ON AMENAGE"
(J. De Legge & R. Leguen, Les Sables
d'Olonne, Cercle d'Or, 1976, pp. 139 -144)
PREFECTURE DE LA REGION DES PAYS DE LA LOIRE
NOTE D'INFORMATION
CREATION D'UNE ZONE D'AMENAGEMENT DIFFERE
POUR L'AEROPORT "OUEST-ATLANTIQUE"
Janvier 1974
Pourquoi un nouvel aéroport ? Où le situer ?
L'importance du projet
Les prévisions de trafic aéronautique produites par les
services techniques compétents montrent que les infrastructures
actuelles ne pourront satisfaire tous les besoins dans les années
à venir. Ainsi, c'est à1 300 000 passagers que l'on évalue
le nombre des utilisateurs de l'aéroport de Nantes vers 1985-1990
(leur nombre actuel est de 250 000). L'aéroport de Château-Bougon,
dont les possibilités de développement sont limitées,
ne pourra évidemment pas absorber une telle augmentation d'activité
dans les années qui viennent. Il fallait donc se préoccuper
de la création de nouvelles infrastructures.
Un nouvel aéroport représente un gros investissement
et il doit donc être à la disposition d'un maximum d'usagers.
Or, il existe de grands besoins dans l'Ouest. Si l'ensemble des villes
moyennes paraît être convenablement desservi pour ce qui concerne
l'aviation de voyage et l'aviation commerciale court-courrier, l'Ouest
ne possède aucune desserte long-courrier contrairement à
d'autres régions : le Bassin Parisien, Rhône--Alpes, le Midi,
l'Aquitaine, par exemple, et le développement normal de l'économie
conduit à penser que près de 25 % des passagers du principal
aéroport régional utiliseront des longs courriers vers 1985.
La localisation d'un aéroport de cette importance doit réunir
de nombreuses conditions auxquelles satisfait parfaitement la métropole
Nantes-Saint-Nazaire, premier pôle économique de la façade
atlantique
- commodités de branchement sur les lignes aériennes;
- situation favorable par rapport aux principales zones de peuplement
industriel et urbain;
- proximité d'un port important;
- proximité d'un ensemble urbain susceptible de servir de support
humain (emplois), d'offrir un certain nombre de services et de faciliter
le démarrage d'une implantation aussi importante.
La zone à retenir devait présenter les caractéristiques
suivantes
- être faiblement occupée par l'habitat;
- ne pas présenter d'obstacles physiques importants.
L'emplacement devait permettre, en effet, de dessiner une piste de 4
000 mètres orientée est-ouest (compte tenu de la direction
des vents dominants), sur un terrain plat, résistant, ladite piste
devant pouvoir être doublée par la suite.
La surface susceptible d'être occupée devait être
capable de recevoir toutes les installations nécessaires au fonctionnement
de l'aérodrome, mais aussi des zones industrielles et des zones
de service.
Après de longues études, il est apparu qu'une zone située
sur les communes de Grandchamp-des-Fontaines, Notre-Dame des Landes, Treillières
et Vigneux-de-Bretagne répond à ces exigences. Elle est située
- à 20 km de Nantes;
- à 50 km de Saint-Nazaire;
- à 95 km de Rennes;
- à 100 km d'Angers.
Elle serait desservie à partir des deux axes autoroutiers principaux
prévus par le Schéma d'Aménagement de l'Aire Métropolitaine
: l'axe Angers - Nantes - Saint-Nazaire et Bretagne Sud d'une part, l'axe
Rennes- - Nantes - La Rochelle d'autre part. Pour les liaisons par transport
en commun, une ancienne ligne SNCF, qui desservait la zone intéressée
à partir de la liaison ferrée de Nantes - Châteaubriant
- Rennes, pourrait être, si nécessaire, utilisée. Enfin,
en cas de création de nouvelles lignes de moyens de transports interurbains,
l'aérodrome pourrait être desservi sans détour important
par des lignes Nantes - Saint-Nazaire et Nantes - Rennes, une autoroute
reliant, par ailleurs, Angers à Nantes.
En fait, les calculs ont montré que cet emplacement correspondait
au centre de gravité de l'ensemble des principales villes de l'Ouest
dont Nantes - Saint-Nazaire - Rennes - Brest - Angers Lorient - Poitiers
-Angoulême - La Rochelle - Cherbourg Saint-Brieuc, et correspondait
au point le plus facilement accessible, c'est-à-dire qui nécessiterait
globalement des moindres trajets d'accès.
En anticipant sur les besoins de la Région, l'implantation à
moyen terme d'une telle infrastructure sera, au même titre que le
port poly-industriel de Lavau - Donges - Montoir, un élément
essentiel permettant d'assurer le développement économique
régional.
Cette opération aurait un effet d'entraînement important
par
- la création d'emplois directs et indirects, dont de nombreux
emplois de haute qualification;
- l'implantation d'industries directement liées à un
trafic de fret par avion : mécanique légère, industries
connexes à l'aviation;
- la mise en place de services qui attirent des sièges sociaux
et des centres de recherche;
soit, à long terme, 8 000 emplois environ, auxquels s'ajouteraient
quelque 8 000 emplois "induits".
Dispositions prises.
Les travaux préparatoires qui ont amené à définir
le site du nouvel aéroport Ouest-Atlantique ont forcément
été longs et minutieux; mais l'importance des intérêts
mis en cause nécessitait bien une approche prudente de cette décision.
Avant même que soient connues avec exactitude l'emprise précise
du site et les infrastructures de base, l'administration de l'Etat a entrepris
d'informer les quatre communes concernées. Une large politique de
concertation a été amorcée par des réunions
effectuées dans chaque localité sous l'autorité des
sous--préfets assistés des délégués
de tous les services publics intéressés (Equipement, Agriculture,
OREAM) et les représentants des populations concernées (conseillers
généraux, maires, conseillers, municipaux, délégués
des organisations agricoles).
La consultation des collectivités locales entreprise au
début. de 1972 a abouti, dans le cadre de cette concertation, à
un accord des Conseils municipaux intéressés sur le principe
de la création d'une Zone d'Aménagement Différé.
Le Conseil général de Loire-Atlantique a décidé,
le 9 mai 1973, d'être l'opérateur foncier, titulaire du droit
de préemption attaché à cette ZAD.
Parallèlement, les services techniques des Bases Aériennes
étudiaient les diverses possibilités d'implantation des pistes
futures. Bien qu'aucun projet détaillé ne puisse encore être
définitivement arrêté, l'orientation de celles-ci a
été fixée, ce qui a permis de ramener à 1 200
hectares environ l'emprise de cette zone d'aménagement différé.
C'est sur la base de ce périmètre de réservation
qui assurera largement toutes les protections nécessaires que le
préfet de la Région des Pays de la Loire, préfet de
Loire-Atlantique, a signé le 11 janvier 1974 l'arrêté
de création de la zone d'aménagement différé
aéroportuaire Ouest--Atlantique.
C'est le premier acte administratif concernant le nouvel aéroport
dont on peut prévoir la mise en service dans une dizaine d'années.
Quels sont les effets d'un tel acte ?
Les propriétaires, les locataires ou preneurs, les exploitants,
que ceux-ci soient, aussi, ou propriétaires ou locataires, sont
intéressés.
A - A l'égard des propriétaires
1° Un droit de préemption est ouvert au département
sur tout immeuble qui ferait l'objet d'une aliénation volontaire
à titre onéreux. A défaut d'accord amiable le prix
de vente sera fixé par l'autorité judiciaire;
2° Tout propriétaire d'un bien situé à l'intérieur
du périmètre de la ZAD peut, à l'expiration du délai
d'un an à dater de l'acte la créant, demander, au titulaire
du droit de préemption, de procéder à l'acquisition
de son bien à un prix fixé, à défaut d'accord
amiable, comme en matière d'expropriation.
B - A l'égard des locataires ou preneurs
1° Le propriétaire dont le bien doit être préempté
est tenu de les informer et de les faire connaître au bénéficiaire
du droit de préemption;
2° Dès qu'ils sont informés, les locataires ou preneurs
peuvent faire connaître au propriétaire et au titulaire du
droit de préemption leur intention de quitter les lieux avant l'expiration
du bail, sans que ces derniers puissent s'y opposer ni leur réclamer
une indemnité à ce titre.
Les locataires ou preneurs peuvent demander la fixation d'indemnités
(en cas de litige, fixation par la juridiction d'expropriation).
3° Lorsque le titulaire du droit de préemption est devenu propriétaire du bien, le locataire ou preneur peut à tout moment lui déclarer son intention de quitter les lieux et de résilier le bail, sans que ce dernier puisse s'y opposer ni lui réclamer une indemnité à ce titre. La déclaration doit être faite par acte extra-judiciaire et prend effet au plus tard dix-huit mois après sa date (sauf acceptation d'un délai plus long par le titulaire du droit de préemption). Des indemnités peuvent être réclamées par le locataire ou preneur sortant des lieux, notamment à raison d'améliorations.
C - A l'égard des exploitants (propriétaires ou locataires)
Depuis la loi du l" septembre 1971, la durée des zones d'aménagement
différé est portée de huit ans à quatorze ans.
En contrepartie de cette augmentation de durée, les améliorations
de toute nature apportées pendant cette durée ne sont plus,
en cas d'expropriation, présumées faites dans le but d'obtenir
une indemnité plus élevée. Les propriétaires
ou exploitants peuvent donc réaliser, s'ils le désirent,
des investissements pour mettre en valeur leurs exploitations, s'ils estiment
pouvoir les amortir en temps utile, étant entendu qu'il sera tenu
compte de ces investissements au moment de la fixation des indemnités
d'expropriations.
Si, à l'expiration des quatorze ans de la zone d'aménagement
différé, la puissance publique ne donnait pas suite à
son projet d'aéroport ou entendait utiliser à d'autres fins
les terrains déjà réservés, tous les propriétaires
ayant cédé ces terrains bénéficieraient d'un
droit de rétrocession pour rentrer en possession de leurs biens.
Mais normalement, avant l'expiration de cette période, devra être pris le décret déclaratif d'utilité publique qui engagera la phase vraiment opérationnelle.
A la suite de cette déclaration d'utilité publique, la totalité des terrains de l'emprise définitive devront être acquis. La collectivité, agissant dans l'intérêt général, prend ainsi les dispositions les plus favorables à son déroulement harmonieux et à une transformation progressive des conditions locales.
En effet, tout en assurant les réserves foncières nécessaires, la création d'une ZAD sauvegarde les intérêts des propriétaires et utilisateurs du sol qu'elle protège contre les expropriations rapides et souvent de ce fait très gênantes. C'est une procédure de précaution et d'étalement dans le temps de l'appropriation des terrains par la puissance publique. C'est aussi une mesure d'information complète et franche à l'égard des intéressés qui, informés des aménagements à réaliser dans dix ou quinze ans, peuvent prendre à l'avance leurs dispositions de façon à ne pas être pris au dépourvu par l'événement.
Le dialogue depuis plusieurs années commencé pourra être poursuivi tout au long des années à venir entre les intéressés des quatre communes directement concernées, leurs représentants et ceux des services administratifs et techniques compétents (Préfecture, Sous--Préfectures, Direction de l'Equipement, Direction de l'Agriculture...).
Ce site est optimisé pour tous les navigateurs web, y compris ceux à venir.