Le Télégramme, 13 janvier 1999
Nantes et Rennes font de l'ombre aux autres aéroports de l'Ouest
Globalement, l'année a été bonne pour les aéroports
de l'Ouest. La hausse du trafic, en Bretagne, est même légèrement
supérieure à celle enregistrée au niveau national.
Il n'en reste pas moins que la forte progression de Nantes et Rennes commence
à faire planer l'ombre d'un déséquilibre que le projet
d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne ferait qu'accentuer. Eric
Sesboüé, le directeur de l'aviation civile ouest (basée
à Brest) pourrait afficher un large sourire. Les chiffres du trafic
aérien sont bons pour l'Ouest de la France et ses services de direction
vont bientôt occuper de nouveaux bâtiments à Brest,
où travaillent 80 salariés.
Malheureusement, le bon bilan global ne pourra faire oublier que 98
restera une année noire pour le ciel breton, endeuillé par
le terrible accident de Quiberon.
Les atouts de deux capitales
L'année dernière a été marquée par
des évolutions contrastrées. Il y a les aéroports
bretons qui stagnent, dans un contexte pourtant très favorable (Quimper,
Lorient), ceux qui poursuivent leur progression ou atteignent de nouveaux
paliers (Brest, Lannion, Saint-Bieuc) et deux aéroports qui se détachent,
du moins en pourcentage, dans le palmarès 98 : Nantes et Rennes.
Il faut certes relativiser les choses. Car si Nantes demeure bien le
mastodonde du grand-ouest, le trafic rennais ne représente encore
que la moitié de celui de Brest. Il n'empêche que les deux
capitales de Bretagne et Pays-de-Loire sont celles qui profitent à
plein du boom sur le trafic aérien, dopées par une économie
dynamique et une position géographique qui leur permet de jouer
la carte des plates-formes de correspondance. Un exemple parmi beaucoup
d'autres : la ligne Brest-Rennes-Nice.
Année-charnière pour N.D. des Landes
Dans ce contexte très favorable aux deux capitales régionales,
Brest demeure le principal contrepoids. Mais il ne suffira probablement
pas, dans les années à venir, à équilibrer
une partie dans laquelle Nantes et Rennes ont les meilleurs atouts en main.
Surtout si l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, entre les deux villes,
voit le jour.
1999 devrait, du reste, être une année-charnière
pour ce projet. L'encombrement du trafic aérien, à l'horizon
2010 (au dessus de Paris mais aussi d'autres villes comme Nantes), suppose
que des décisions soient prises rapidement. Et celà devrait
être le cas pour Notre-Dame-des-Landes.
Un projet qu'en Bretagne occidentale, on peut aborder de façon singulièrement tranchées. Eric Sesboüé est de ceux qui ont une vision optimiste : « Je crois que cet aéroport aurait une bonne incidence pour l'ensemble de la Bretagne. Avec des perspectives de multiplication des destinations et la création, par exemple, de liaisons Brest-Notre-Dame-des-Landes pour du pré-acheminement ».
Et puis, il y a la vision pessimiste, déjà exprimée par des élus de l'Ouest breton qui craignent de voir ce futur aéroport étendre son aire d'attraction et affaiblir les autres plates-formes, notamment celle de Brest. Ce qui ne ferait qu'accentuer un déséquilibre déjà bien perceptible dans les autres moyens de transports, comme le TGV ou les autoroutes.
Au tournant du siècle, c'est là un beau sujet de débat pour le conseil régional.
René Perez
Ce site est optimisé pour tous les navigateurs web, y compris ceux à venir.