ASSEMBLÉE NATIONALE
le 2 juin 1999.
Rapport d'information sur la politique
aéroportuaire
(JEAN-PIERRE BLAZY, Rapporteur ; M. François
ASENSI, Président de la mission)
(…)
Page 55 :
2. Un choix d'implantation dès cette année et un chantier
à lancer sans attendre
Les prévisions s'accordent toutes pour considérer que
le seuil de 55 millions de passagers sera atteint à Roissy dans
moins de neuf ans. Dès lors, c'est dès cette année
qu'il convient de définir la localisation et d'engager sans tarder
les travaux de construction du nouvel aéroport.
C'est pourquoi le Gouvernement doit, dès à présent,
lancer les études nécessaires, car cette période de
neuf années, particulièrement courte pour ce type de projet,
démontre qu'un retard déjà important a été
pris dans ce domaine. Plusieurs hypothèses sont envisageables. Le
rapport de la mission confiée à M. Jacques Douffiagues, rendu
en 1995, avait conclu à plusieurs sites possibles. Selon cette étude,
la localisation la plus appropriée d'un nouvel aéroport international
pour le bassin parisien se situait dans la région de Beauvilliers,
en Eure-et-Loir.
Ce choix, dans lequel les considérations locales n'étaient
certes pas absentes, était fondé cependant sur des critères
objectifs liés à l'examen de nombreux paramètres (distance,
environnement, espace aérien, desserte terrestre...). Rappelons
à ce sujet qu'à l'origine, si l'hypothèse de Beauvilliers
avait la préférence de la mission Douffiagues, un autre site
pertinent avait été déterminé en Picardie.
Celui-ci se heurtait cependant à l'opposition des riverains et à
l'obstacle de la disponibilité d'un espace aérien suffisant,
compte tenu de la proximité de Lille-Lesquin, mais aussi de Bruxelles,
Londres et des espaces aériens réservés aux militaires.
Il n'entre bien entendu pas dans les objectifs de la présente
mission d'information de trancher entre ces diverses propositions, pas
plus que de choisir entre la construction ex nihilo d'un nouvel aéroport
ou le développement international de Lille-Lesquin, dont la ville
est reliée à Paris par TGV en une heure, ou de Lyon-Satolas.
Il faut toutefois relever que les problèmes d'environnement sont
nombreux, tant à Lyon qu'à Lille, et que la proximité
des riverains empêche d'envisager toute croissance importante de
l'activité aéroportuaire. En outre, s'agissant de Lyon, il
paraît difficile d'envisager d'en faire le troisième aéroport
de Paris, dès lors que la liaison TGV entre la capitale et Satolas,
d'une durée de deux heures, constitue un handicap, tant pour les
compagnies que pour les passagers. Il convient également de rappeler
pour mémoire que d'autres implantations ont pu être envisagées,
comme le site de Notre Dame des Landes près de Nantes.
Toutefois, quel que soit le lieu du nouveau développement aéroportuaire,
il est clair que les précautions des conclusions du rapport Douffiagues
ne sont désormais plus de mise. En effet, celui-ci, n'envisageant
la saturation de Roissy qu'à l'horizon 2015-2030, limitait son propos
à la seule réservation d'un site et mettait en garde l'Etat
contre le caractère problématique de l'exploitation sur trois
aéroports.
(….)
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M. Léonce Deprez a demandé si la mission proposait de
tirer parti des infrastructures existantes avant d'engager la construction
ou le développement d'un troisième site et si la concentration
des liaisons sur Roissy n'était pas passéiste en raison des
engorgements, notamment en termes de desserte terrestre, et des conséquences
négatives sur l'aménagement et l'équilibre du territoire
qu'elle entraînait.
M. Claude Billard a fait remarquer que, dans un contexte de déréglementation
du transport aérien et de concurrence exacerbée entre les
compagnies, la mise en oeuvre d'une politique aéroportuaire équilibrée
est un exercice difficile.
Il a indiqué qu'il était d'accord avec l'économie
générale du rapport mais a émis des réserves
sur le nécessité de choisir dès maintenant un site
pour un troisième aéroport situé dans le grand bassin
parisien.
Il a admis qu'il fallait envisager un redéploiement des zones
de fret et redéfinir le rôle des aéroports de province.
Il a tenu toutefois à rappeler que le ministre des transports venait
de décider de maintenir la desserte d'Orly par des vols long courrier.
M. Félix Leyzour a demandé si le site situé entre
Nantes et Rennes constituait toujours une des implantations possibles du
troisième aéroport.
M. André Godin a jugé urgent que le Gouvernement indique
les grandes orientations de sa politique aéroportuaire car celle-ci
implique une réflexion sur l'intermodalité et oblige à
constituer d'ores et déjà des réserves foncières.
Selon lui, Lyon-Satolas doit jouer un rôle important car cette
plate-forme, sur laquelle 240 millions de francs ont été
investis pour construire une gare TGV, tend à se développer
en récupérant en particulier une partie du trafic de l'aéroport
de Genève-Cointrin, victime de sa saturation. Il a rappelé
que la région Rhône-Alpes, avec 5 millions d'habitants, offre
de grandes potentialités qui pourraient croître encore avec
un TGV Rhin-Rhône.
Il a souhaité une meilleure répartition des vols intercontinentaux
sur nos aéroports et a appelé l'attention des députés
sur les problèmes que peuvent soulever les dysfonctionnements des
transports en commun parisiens.
M. André Lajoinie, président, a noté que le phénomène
de saturation des aéroports était en oeuvre en France et
souligné la spécificité française, la région
parisienne étant la première destination de notre pays en
termes d'accueil de voyageurs, notamment du fait de son attrait touristique
important.
Il a enfin noté que, si des problèmes de saturation existaient,
il convenait de tenir compte de la réalisation de deux pistes supplémentaires
à l'aéroport de Roissy, et s'est félicité du
renforcement de la synergie entre Orly et Roissy, confirmée par
la récente décision de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de
l'équipement, des transports et du logement, visant à la
création d'une ligne TGV entre les aéroports d'Orly et de
Roissy.
M. Léonce Deprez a alors souligné que les limites de
trafic qui avaient été mises en place à Orly, avaient
parfois pour conséquence de détourner, la nuit, l'atterrissage
de certains avions de cette plate-forme vers celle de Roissy.
M. André Lajoinie, président, a noté qu'un redéploiement
des vols internationaux était effectivement nécessaire ;
Nantes, qui doit se doter d'un nouvel aéroport important à
Notre-Dame
des Landes, pourrait contribuer à cet objectif.
Des desserrements se révélant par ailleurs nécessaires,
il a estimé qu'ils pourraient concerner les aéroports de
Beauvais, Cergy-Pontoise ou Cormeilles, dont les vols de voyageurs vers
la Grande-Bretagne ou l'Irlande sont en forte croissance.
Il a en outre déploré que l'aéroport de Roissy
soit frappé du défaut de gigantisme, et a estimé que
par conséquent, l'idée d'un troisième aéroport
ne pouvait être repoussée. Toutefois, il a jugé qu'il
était préférable, avant toute chose, d'exploiter les
possibilités immédiates de desserrement.
Abordant le problème de la réserve foncière, il
a rappelé que M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement,
des transports et du logement, avait annoncé qu'une décision
serait prise sur ce point avant la fin de l'année, la construction
de la nouvelle plate-forme devant être distincte dans le temps de
cette première mesure.
En réponse, M. Jean-Pierre Blazy, rapporteur, a rappelé
les points suivants :
- les plates-formes aéroportuaires parisiennes constituent le
« hub » principal d'Air France ;
- les « hubs » secondaires sont localisés sur des
aéroports comme Lyon-Satolas, Clermont-Ferrand ;
- les aéroports comme Beauvais sont spécialisés
sur les liaisons point à point, dont le trafic est en forte croissance
;
- une politique d'aménagement durable du territoire doit permettre
de ne plus concentrer les trafics aériens sur Paris ;
- considérer que la question du troisième aéroport
ne peut plus être éludée signifie que les études
sur sa faisabilité et son implantation doivent être reprises
immédiatement, du fait que la réalisation d'une telle infrastructure
requiert au minimum dix ans. C'est pourquoi, des réponses, attendues
par les élus locaux, doivent être fournies d'ici la fin de
cette année ou au début de 2000.
(...)
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